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Un Mont-Saint-Michel aux allures de « belle endormie » - Journal La Croix

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Les Français viennent en moyenne deux fois dans leur vie au Mont-Saint-Michel. Une fois quand ils sont enfants, une fois avec les leurs. Tony respecte cet adage. Ce 30 juillet, il a pris la route très tôt depuis Beauvais, à plus de 300 kilomètres avec ses deux petits, Lauryl et Tristan. Sous son masque, Christelle, sa compagne, est cachée derrière une forêt de bras dans une navette gratuite qui conduit la famille d’un parking vers le site touristique.

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« La distanciation physique n’est pas respectée, constate Tony. Les vacances “Covid”, on ne voit ça qu’à la télé. Mais quand on le vit en vrai, ça fait bizarre ! » En temps normal, les navettes du Mont-Saint-Michel accueillent 80 personnes. Coronavirus oblige, ils ne sont plus que 40 ou 50 par voyage, néanmoins serrés les uns contre les autres.

La navette s’arrête à quelques mètres du village. Premiers réflexes en descendant du bus : retirer le masque pour respirer l’air pur de la baie. Puis, vite le remettre avant de grimper sur le mont. Le port du masque est obligatoire intra-muros, chaque jour, entre 10 heures et 18 heures. Car dans les rues étroites, la promiscuité oblige le nouveau maire de la commune, Jacques Bono, à ne prendre aucun risque : « On accueille entre 10 000 et 12 000 personnes par jour ces derniers temps, soit une configuration classique pour un mois de juillet. »

Il reçoit dans son bureau fraîchement repeint et retire son masque motif marinière : « Plusieurs visiteurs se sont plaints de devoir le porter, mais la configuration actuelle ne permet pas de garantir la distanciation physique dans les rues. Et puis le masque a un effet psychologique. Il rassure et crée une distance naturelle entre les gens. »

En 2019, le Mont-Saint-Michel a accueilli 2,4 millions de personnes. Cette année, la crise du Covid-19 prive l’un des sites touristiques les plus prisés du pays d’une partie de sa clientèle étrangère, notamment américaine et asiatique. « Nous ne pourrons jamais rattraper les pertes du confinement, relève Hervé Bierjon, directeur de l’Office du tourisme Mont-Saint-Michel. Cependant, après un redémarrage poussif, nous retrouvons des Belges, des Allemands et des Néerlandais. Quant à la clientèle étrangère lointaine, elle est remplacée par une clientèle française », qui s’est rabattue cet été sur la (re) découverte du patrimoine tricolore.

Tourisme individualisé

Finies les vacances en groupe, organisées de longue date. Place au tourisme individualisé, à la carte, planifié à la dernière minute. Surtout quand l’avenir s’annonce aussi flou. « Après une chute de la fréquentation à la suite des attentats de 2015, nous avions déjà entrepris de repenser notre modèle, avec des prix plus adaptés au portefeuille des Français, souligne Éric Bellon, directeur général du groupe La Mère Poulard. Cela avait donné des résultats encourageants avant le Covid. » Il redoute néanmoins que le marché ne reste « atone jusqu’en février 2021, dans le meilleur des cas ».

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Au sommet du mont, les Français apprécient de retrouver l’abbaye. « Pour les offices religieux, nous accueillons beaucoup plus de régionaux en cette fin du mois de juillet, remarque sœur Claire-Annaël­. De plus, et c’est l’un des effets du confinement, les gens prennent plus de temps pour prier. » L’accès à l’édifice est filtré, et les visites guidées à l’intérieur du bâtiment sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, afin d’éviter les attroupements. « C’est plus agréable dans ces conditions, les gens paraissent plus zen », avoue Églantine, venue du Havre. La jeune femme tient un casque audio à la main, « désinfecté à l’accueil », et suit le sens de circulation défini pour la promenade. « C’est presque mieux qu’un guide, sauf qu’on ne peut pas lui poser de question… »

L’absence des touristes étrangers lointains transforme et fragilise l’activité des professionnels du tourisme. À l’entrée du village, dans un coin d’ombre, Claire brandit une pancarte. « 10 € pour une visite guidée du village en une heure, pour 5 à 10 personnes », est-il indiqué. « On se relaie avec une cinquantaine d’autres guides pour faire trois visites en une journée… Oups, j’ai oublié de mettre mon masque ! », s’exclame la guide conférencière de 42 ans. D’habitude, Claire organise des visites itinérantes dans plusieurs communes de la région. « Mais les tour-opérateurs ne nous contactent plus. On doit faire avec », soupire-t-elle.

D’autres collègues ont plus de chance. Sébastien organise, lui, des balades sur la baie du Mont-Saint-Michel. En plein air. « Pas besoin de porter le masque. On amène des groupes d’une trentaine de personnes, et on doit juste veiller à faire respecter la distanciation physique. » Son visage rouge écarlate est badigeonné de crème solaire. Une grappe de touristes le rejoint sous un soleil de plomb.

Le soir, les rues sont vides

Au fond, le Mont-Saint-Michel est un peu « une belle endormie » : le site attire depuis toujours les touristes des quatre coins de la planète. Mais quand ceux-ci ne peuvent plus voyager, plus personne ne dort à l’hôtel ni n’achète de petits souvenirs dans les boutiques. Résultat, près d’un quart des magasins, restaurants et hôtels du site n’ont pas rouvert en cette période estivale. Face à la crise, ces commerçants se sont donc tous regroupés autour d’une association créée le 24 mai. Une première. « Le but est de fédérer et palier les difficultés actuelles », résume François Ridel, restaurateur et secrétaire de l’association. L’entrepreneur de 36 ans, cigarette à la bouche, représente une nouvelle génération qui cherche à relancer l’activité touristique du Mont-Saint-Michel : « On va créer une charte pour repenser les devantures des enseignes et offrir des produits de meilleure qualité et locaux. »

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L’horloge affiche 18 h 30. Les rues sont quasi vides depuis une bonne heure – le pic de fréquentation est situé entre 11 heures et 16 heures. Assis contre les remparts, Hervé Bierjon observe les passants : « Il faut dépoussiérer notre système touristique, étaler l’afflux de touristes sur la journée par l’organisation de spectacles, de concerts, d’expositions, jusqu’à tard le soir. La dernière navette est programmée à minuit, cela laisse du temps. » La nécessité de reformuler l’offre touristique du lieu concerne également l’Epic du Mont-Saint-Michel, une structure de l’État créée en janvier 2020, qui coordonne la gestion et le développement du site, depuis le stationnement et les transports jusqu’à l’abbaye.

Dehors, la baie est dorée par la lumière du soleil de fin d’après-midi. Des touristes chahutent sur les rochers, proches de l’eau. La marée haute de la fréquentation est prévue pour le mois d’août. A priori, le port du masque sera toujours obligatoire.

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L’obligation du masque à l’extérieur s’étend

Depuis dimanche 2 août à minuit,le port du masque est obligatoire dans certaines zones de la métropole lilloise (1,2 million d’habitants), en raison d’une recrudescence des cas de Covid-19. Le préfet du Nord a pris un arrêté imposant le port du masque dans « un certain nombre de zones » de l’espace public sous peine d’une amende de 135 €.

Sont concernées« les zones piétonnes », « les zones où la circulation routière est limitée à 20 km/h », celles « qui se caractérisent par une très forte fréquentation du public » ou encore « tous les espaces verts urbains, y compris les bords des cours d’eau ».

Ailleurs en France, d’autres communes ont également adopté ce type de mesures, notamment Biarritz et Orléans et plusieurs villes de Mayenne. Des décisions similaires pourront être prises localement par les préfets, « en fonction de l’évolution de l’épidémie dans chaque territoire », a prévenu le ministre de la santé, Olivier Véran.

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August 03, 2020 at 02:47PM
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